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benerapou
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12 septembre 2007

Departement Et Bouffe

Jeudi 23 août 2007 Il y a eu un peu de remue-ménage dans ma vie jusqu’à présent. En fait je devais arriver dans une très grosse section de français avec 3 profs et 170 élèves. Cette année, il n’y a qu’une prof (et moi) pour 75 élèves. J’en ai donc informé les gens de l’ambassade qui m’ont dit que ça n’était pas possible et que je ne pouvais en aucun cas remplacer des emplois d’indiens, que j’étais là en plus. Jusque-là je suis tout à fait d’accord, ils m’ont donc demandé de rappeler à l’université que dans ces conditions, aucun tuteur ne serait affecté à Amristar l’année prochaine car les règles du contrat ne sont pas respectées… Heu ouais, là je le sens moyen de le faire ! C’est pas trop mon rôle et ils ont pas l’air d’être réellement rancuniers envers moi, enfin je crois pas ? Peut-être que si ? Bon, en gros j’ai mis du temps, mais, au bout d’une semaine, j’ai pris mon courage à deux mains et lors d’un dîner chez mon chef de département j’ai lancé un truc du style « Je comprends pas trop pourquoi 2 profs de français ont pas été reconduits cette année ?, L’ambassade non plus d’ailleurs ! » OK, je le savais j’ai mis le doigt là où il fallait pas, affaire d’état. Nous n’étions que 6 mais ça criait dans tous les sens en punjabi ou en hindi (je ne fais pas encore la différence) et moi, au milieu à regarder de droite et de gauche sans rien comprendre. Est-ce qu’ils s’engueulaient, est-ce qu’ils approuvaient ma démarche est ce que ça aller poser de réel problèmes pour moi ? Je savais pas trop. Bon après un long moment d’hystérie collective, on s’est alors adressé à moi en anglais pour m’assaillir de questions. En gros ça faisait 3 mois que mon chef de département se battait avec le Vice-Chancelor afin d’avoir de nouveau ses profs de français, évidemment le président de l’université voyait en moi un prof gratuit donc pourquoi payer un Indien si on a une française gratuite ? Non ? Mes collègues m’ont donc demandé d’essayer d’avoir un courrier de l’ambassade adressé au Vice-Chancelor afin de remettre les pendules à l’heure. Evidemment l’ambassade a refusé, ils vont pas trop se mouiller quand même, ils sont pas d’accord mais ça n’est pas politiquement correct de faire des remontrances à un Président d’université. Ils m’ont gentiment fait remarqués que si je voulais, je pouvais dire au Vice-Chancellor que c’est pas très bien ce qu’il fait. Mais oui bien sûr… En gros de chaque part, personne n’est content, mais personne ne veut s’en mêler (mon directeur de département m’avait demandé avant ça que si lettre il y avait, son nom ne devait pas être mentionné). Bon tout le monde se renvoie la balle. Ma collègue prend alors le taureau par les cornes et rédige une lettre en son nom afin d’éclaircir la situation. En gros elle me dit que pour elle l’argent n’est pas un problème et que si elle enseigne ça n’est que par pur plaisir, donc si elle perd son job à cause de ça, ce n’est pas important. Ok… Bien, y a d’ambiance. Tout le monde l’en dissuade, donc pas de lettre. C’est alors que l’on se tourne vers moi… « Oui mais toi, si tu exposes le problème au Vice-Chancelor, il pourra rien te dire, c’est pas comme si tu étais indienne » et puis je serai plus là l’année prochaine donc y a pas vraiment de soucis (mouais mais j’attends toujours ma connexion internet, si je me brouille avec lui, mes chances sont foutues…) Et puis c’est facile de se reposer sur moi, on peut bien manipuler la petite jeune et on va même lui dicter ce qu’elle a à dire. S’en est suivi de 4 jours de lavage de cerveau, à chaque fois que je croisais quelqu’un au département c’était : « Et tu n’oublies pas de dire que t’es censé faire de la civilisation et de la culture », « dis bien que tu ne dois pas remplacer quelqu’un » Etceteri etcetera. Le jour J approche (c’était mardi) et là je me dis que je ne peux pas remuer la M---- à moi toute seule, que si personne ne veut le faire je n’ai pas à endosser toute la responsabilité. Mais qu’en même temps je trouve ça dégueulasse et je ne souhaite pas être l’européenne qui prend le boulot des autochtones . La pression monte un peu en arrivant au bureau du président. Je suis censé être là pour le remercier de son accueil et non pour lancer une bombe… Avant d’entrer ma collègue me glisse un « tu fais comme tu le sens, si tu ne veux pas parler c’est pas grave ». Ok. Ce fût, 12 minutes de blabla en disant que la chambre dans la guest house était très bien, le campus très joli, les gens très sympa… Mais que l’ambassade ne comprenait pas pourquoi l’année dernière il y avait 3 prof de français et que cette année il y en avait qu’une. Hop, voilà, j’ai fait ma part de boulot, ma collègue prend le relais et ça passe comme une lettre à la poste. Il dit qu’en effet il mettrait bien un autre prof dans la section et qu’on devait lui faire une demande écrite. Résultat des courses je ne me suis pas assez mouillé pour qu’il y ait des retombées ni sur l’ambassade, ni sur moi. Je suis restée loyale envers les attentes de mon département et même plus car je les ai bluffé : Bénédicte où comment résoudre un problème qui persistait depuis des mois en quelques secondes. Non sérieusement, ne mettons pas la charrue avant les bœufs, on est en Inde, d’ici à ce que le nouveau prof de français soit installé en classe, il peut se passer 3 mois !!! Sinon, parlons bouffe. Lorsque je disais à ma copine qui est elle prof à Bombay « oui mais toi c’est une grande ville, y a plein de trucs à faire et puis si t’en as marre des indiens au moins à Bombay y a pleins d’expat pour faire des sorties un peu entre blanc, parce que Amritsar c’est la campagne et y a pas un blanc » Et sa seule phrase pour me remonter le moral c’était « mais toi tu vas goûter à la MEILLEUR BOUUUUUFFFFFEEEE de toute l’Inde, t’as trop de chance ». Mouais, niveau je remonte le morale, Delphine sur ce coup là, t’es pas très forte… Pour moi la nourriture, c’est… Disons c’est pas une priorité, j’aime bien manger des bonnes choses mais je suis pas très compliquée. Tu me sers un truc bon bein, j’le mange (Oui je sais sauf les p’tits pois, j’aime pas ça, ça arrive. Et puis heureusement que je suis pas compliqué parce que ici je n’ai pas de cuisine et donc je ne choisi pas ce que je mange, car on me fais la bouffe. C’est comme une mini cantine pour environ 8 à 15 prof, ça dépend des jours. Bon pour résumer : -Petit dèj. Vers 9h : Galette de pomme de terre (bonne) mais fortement épicé. J’ai opté pour les toasts au beurre parce qu’à la place on me proposait une omelette. Et les œufs le matin je préfère pas. Disons que l’odeur au réveil c’est un peu… -Déjeuner : lentilles en sauces, toutes les lentilles différentes qui peuvent exister, des jaunes, des rouges, des vertes, des grosses, des petites, des cassées, des entières, des mélangées avec des haricots blancs ou rouges, des à la tomates, des au curry, des aux oignons tomates mélangés, des au yaourts… Bref j’en passe et des meilleurs. Ces plats de lentilles s’appèlent “Dhal” et on les mange grâce à des “chapatis” (petites galettes sans levure genre pita en moins étouffe chrétien). C’est très bon, pour l’instant je ne me plains pas. Peut-être qu’en janvier je dirai…J’en peux plus du Dhal, mais pour l’instant ça roule. Le tout est accompagné d’un yaourt qui est très bon mais que je ne mange pas car depuis que j’ai arrêté, je ne suis plus malade, j’en déduis donc que… Ça n’est pas pour moi. En même temps le lait est pas pasteurisé, il sort tout droit de la vache, donc… Doit y avoir quelques germes qui traînent. Ainsi que du riz blanc mais parfumé de quelques graines de coriandre, de pavot et autres. -Dîner : Dhal, normal… Avec des légumes cette fois. Les légumes, difficile à dire, tous n’existe pas en France et je n’en ai jamais rencontré des comme ça. Il y a genre des toutes petites courgette de la taille d’un doigt avec de nombreuses graines à l’intérieur ou des trucs qui doivent ressemblaient à des tubercules lorsque ça n’a pas été cuisiné. Il y a beaucoup de pommes de terre, et les légumes sont toujours cuisinés de la même façon, avec des tomates et des oignons, le tout très relevé (mais pas trop). Une fois par semaine, on a un dessert, c’est genre le p’tit plus de la semaine mais il faut savoir que les desserts en Inde sont… Expérimentaux. Bon en même temps je suis pas très objective car je suis pas trop pâtisseries. Même en France ça ne me dit rien… Mais là c’est Beurk, écoeurant. Friture spongieuse mélangée à tonne de miel, ou l’on ajoute ou pas de la crème. Désolée mais c’est sans moi et qu’on me dise pas que j’ai pas essayé parce que ce genre de truc en fin de repas ça donne envie de rendre tout le reste et j’ai franchement dû me contrôler. On a aussi une fois par semaine de la viande, ça n’empêchera pas, comme le dit ma sœur, à mon cerveau de ramollir bon le premier qui me rend visite pourrait m’apporter des protéines en pilules ? Et une fois par semaine on a une espèce de fromage de chèvre mais très dense qui remplace le Dhal, pour les indiens lorsque l’on a ça a manger c’est jour de fête. Moi je trouve ça assez fade et molasse (au goût c’est comme de la mozzarella qui ne fondrait pas lorsqu’on la fait chauffer, avec une texture de feta). Bon c’est difficile à expliquer, si vous voulez goûter faut venir en Inde. Alors après calculs très précis, je paie 74cts pour une journée en pension compète. Ce qui nous donne un total d’environ 22 euros pour manger matin, midi, et soir…Ca vous fait pas mal au cœur de manger au resto et d’en avoir pour une trentaine d’euros en un repas ? Sinon je commence à aimer de plus en plus la bouffe, Delphine avait raison, les samoussas, c’est terrible, rien à voir avec ceux qu’on mange en France, délicieux. Et d’autres trucs encore… Chaque bouchée est une surprise et c’est très agréable surtout lorsque l’on me fait (même au resto) des plats spéciaux parce que moins épicés. Y faut dire que parfois je suis à la limite des larmes tellement ça PIIIIIQQQQQUUUUEEEE, BBBRRRUUULLLLEEEE, AAAAAAAAAARRRRRAAAAAACCCCCHHHHHHEEEEEEE. A plus.
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